mercredi 30 novembre 2011

Cain enchaîne les scandales, Perry les gaffes

Sexe, gaffe et politique n'ont jamais fait bon ménage. Herman Cain, l'ex-pdg de Godfather's Pizza et candidat notoire aux primaires républicaines de 2012, pourrait se retirer de la course suite à de nouvelles allégations, non pas d'harcèlement sexuel cette fois, mais de relation extraconjugale durant 13 ans. En parallèle, le gouverneur du Texas Rick Perry, autre candidat haut en couleur, a refait une gaffe d'anthologie qui pourrait lui valoir des plumes.

D'après un article de la National Review, Herman Cain aurait déclaré mardi dans une conversation téléphonique avec l'un de ses conseillers qu'il était en train de "réévaluer" son maintien dans la course aux primaires républicaines en vue de l'élection présidentielle de novembre 2012. Il aurait ajouté qu'il continuait pour l'heure sa campagne mais qu'il prendrait sa décision dans les prochains jours. Une "breaking news" à l'américaine qui intervient peu de temps après la parution dans la presse de nouvelles allégations selon lesquelles le candidat africain-américain de 65 ans aurait entretenu une relation extraconjugale longue de 13 ans avec une femme d'affaires d'Atlanta.

Dans l'Amérique puritaine, de telles histoires n'ont guère bonne image surtout qu'Herman Cain a déjà été impliqué en octobre dernier dans des affaires d'harcèlement sexuel remontant aux années 1990 lorsqu'il était président de l'Association Nationale des Restaurants. Plusieurs de ses anciennes employées ont en effet affirmé qu'à l'époque elles s'étaient plaintes auprès de collègues de "comportements inappropriés" de la part de Cain, sous forme de conversations un peu trop insistantes et de gestes suggestifs ou impropres à des relations de travail. Les femmes auraient alors finalement décidé de quitter leur emploi au sein de l'Association, avec qui elles auraient négocié un accord pour partir avec des indemnités en échange de leur silence.

Cain, businessman dragueur

Jusqu'alors, ces affaires n'avaient pas réussi à affecter la cote de popularité de l'ancien patron de Godfather's Pizza qui niait tout en bloc et parvenait à se maintenir relativement haut dans les sondages, derrière le favori Mitt Romney et au coude à coude avec l'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich. Mais cette nouvelle affaire pourrait mettre à terre le candidat qui se vante depuis le départ d'être le seul non politicien de la course et d'avoir l'habitude de résoudre les problèmes en tant que "businessman". Dans son appel téléphonique mardi, il aurait ainsi révélé à son conseiller que ces dernières semaines ont beaucoup affecté sa femme et sa famille et qu'il avait peur que toutes ces allégations ne "créent bien trop de flou dans l'esprit des gens".

On pourrait donc s'attendre à ce que l'inventeur du plan fiscal au slogan simplissime à retenir "9-9-9" - qui visait à supprimer le code des impôts actuel et à le remplacer par un seul et même taux d'imposition à 9% pour les entreprises, 9% pour les individus et 9% pour les ventes nationales - jette l'éponge d'un moment à l'autre. D'après les analystes, à qui profiterait le crime dans l'immédiat?  Probablement à Newt Gingrich, dans la mesure où nombre de supporters d'Herman Cain pourraient reporter leurs voix sur l'ancien Speaker de la House. Et ce, malgré le fait que lui aussi s'est vu impliquer ces dernières semaines dans une affaire de corruption et qu'il a tenu des propos plus que surprenants en faveur du travail des enfants.

Perry, cowboy gaffeur 

Un autre candidat républicain devrait faire beaucoup parler de lui cette semaine: Rick Perry, fils de "ranchman" élevé dans la poussière du Sud, à la tête du Texas depuis 2000, plaidant pour un rôle ultra limité de l'Etat, une réduction au maximum des impôts et ayant décroché le record national du nombre d'exécutions à mort (plus de 200 depuis le début de son mandat). Après sa gaffe légendaire lors d'un débat dans le Michigan en novembre au cours duquel il avait annoncé qu'en tant que président il souhaiterait éliminer trois ministères sans être toutefois capable de se rappeler le nom du troisième - un "oups" mémorable - il en a remis une couche mardi dans le New Hampshire.

Cette visite était pourtant stratégique vu que le New Hampshire sera le deuxième Etat à voter pour les primaires républicaines le 10 janvier prochain, après l'Iowa. Le candidat souhaitait donc séduire les jeunes électeurs en prononçant un discours devant les étudiants du Saint Anselm College sauf qu'il a lancé: "Pour ceux qui auront 21 ans d'ici le 12 novembre, je vous demande votre soutien et votre voix". Le problème est que l'âge légal pour voter aux Etats-Unis est 18 ans et que l'élection présidentielle aura lieu le 6 novembre 2012...


Rick Perry mardi dans le New Hampshire

mardi 29 novembre 2011

L'UE demande aux Américains de "faire leur part du travail"

Message principal du sommet UE/Etats-Unis lundi à Washington: rappeler l'importance du partenariat économique entre les deux puissances pour éviter de s'engouffrer tous ensemble dans la crise. L'UE a surtout obtenu l'engagement des Américains de ne pas seulement donner des leçons aux Européens pour leur gestion de l'euro mais aussi d'agir pour réduire leur propre dette publique.

Un déjeuner rapide suivi d'un point de presse sans possibilité de poser des questions et l'affaire était réglée pour ce nouveau sommet UE/Etats-Unis se déroulant un an tout juste après celui de Lisbonne. Au moins cette fois-ci, le président américain Barack Obama a dénié assister au lunch avec les présidents de la Commission et du Conseil européen, José Manuel Barroso et Herman Van Rompuy, alors qu'auparavant il laissait ses hôtes de la vieille Europe déjeuner avec son vice-président Joe Biden. Le contexte est en effet de taille aujourd'hui: une situation économique mondiale catastrophique et une crise de la dette sans précédent aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis.

Les deux parties ont ainsi rappelé pour se rassurer eux-mêmes, et une partie de leur opinion publique, que les Etats-Unis et l'Europe restent les premiers partenaires économiques et commerciaux au monde. Comme l'a rappelé Barroso dans son intervention, leurs relations représentent à elles seules la moitié de l'économie mondiale, un tiers du commerce mondial et suscitent quelque 15 millions d'emplois. De son côté, Herman Van Rompuy a évoqué tous les efforts déployés par les Etats membres ces derniers mois pour tenter de sauver la zone euro, avant de soulever, dans son style bien à lui, que malgré tout la reprise de l'économie mondiale ne dépendra pas uniquement d'une solution à la crise de  la dette en Europe. "D'autres doivent aussi faire leur part du travail".

Le président Obama entouré d'Herman Van Rompuy
(à gauche) et José Manuel Barroso (à droite)

Un appel similaire à celui lancé lors du G20 de Cannes début novembre, lorsque les dirigeants européens avaient souligné qu'il y avait aujourd'hui des "déséquilibres à régler", notamment du côté de la Chine qui doit s'attacher à réévaluer sa monnaie et stimuler sa consommation intérieure, mais aussi des Etats-Unis qui doivent s'engager à résoudre le problème de leur dette faramineuse qui a atteint 14 712 milliards de dollars, soit plus de 100% du PIB.  Le pays, qui a frôlé cet été le défaut de paiement avant l'accord survenu in extremis au Congrès sur le relèvement du plafond de la dette, lutte tant bien que mal pour reprendre le dessus. Un blocage illustré il y a quelques jours par l'échec de la "super-commission" parlementaire chargée de trouver les moyens de réduire le déficit de l'Etat fédéral. Formée en août avec la mission de dénicher quelque 1200 milliards de dollars d'économies cumulées sur dix ans avant le 23 novembre, l'instance bipartisane composée de six républicains et six démocrates n'a pas été en mesure de forger un compromis.

La prochaine "deadline" a été fixée au 23 décembre mais en cas d'échec des coupes automatiques dans les dépenses - "à la hache plutôt qu'au scalpel" selon l'expression d'Obama - seront enclenchées à partir de 2013. Et pour améliorer un peu plus l'ambiance, l'agence de notation Fitch a menacé ce lundi d'abaisser la note "AAA" qu'elle attribue aux Etats-Unis dans les deux années à venir si la classe politique à Washington ne s'attaque pas au déficit budgétaire. Fitch était la dernière des trois grandes agences à maintenir une perspective "stable" sur le "AAA" attribué à la dette de long terme des Etats-Unis. Elle est désormais "négative", comme chez ses concurrentes Moody's et Standard and Poor's. On se rappelle qu'en août dernier, S&P avait décidé, à la consternation générale, d'abaisser d'un cran la note des Etats-Unis, la faisant passer à "AA+". Chez Moody's et Fitch, elle reste encore la meilleure possible avec le fameux "triple A".

Obama inquiet des conséquences de la crise en Europe

Conscient de cette situation, Obama n'a pas tenté devant ses partenaires européens de jouer le donneur de leçon comme son secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, avait pu le faire en septembre dernier en se rendant en Europe - recevant un accueil plus que glacial de la présidence polonaise du Conseil. Le président américain a ainsi joué la coopération, lançant que les "Etats-Unis se tiennent prêts à faire leur part du travail pour aider à résoudre le problème. C'est de la plus haute importance pour notre économie", rappelant que lorsque l'Europe a des difficultés les effets se font directement ressentir aux Etats-Unis en termes de créations d'emplois notamment car "nous exportons tant de produits et de services en Europe, qui est un partenaire commercial si important pour nous". Il a ajouté que de quelque façon que ce soit les Etats-Unis réduiront de 1200 milliards de dollars leur déficit d'ici l'an prochain. 

Obama aura donc dit tout haut ce que les Européens étaient venus entendre. Leur déclaration commune publiée à l'issue du sommet évoque en outre la mise en place d'un groupe de travail, coprésidé par le commissaire européen au commerce et le représentant américain au commerce, pour approfondir les relations économiques et susciter plus d'emploi et de croissance. Objectif: faire rapport fin 2012, probablement pour le prochain sommet transatlantique. Mais vu qu'il y aura dans le même temps les élections présidentielles américaines, le rendez-vous, qui aura lieu cette fois-ci en Europe selon la règle de l'alternance, pourrait être repoussé à 2013. D'autres questions ont été abordées lors du sommet de lundi, notamment les questions de sécurité, de coopération au développement ou encore du printemps arabe. Les deux partenaires se sont félicités d’avoir récemment conclu l’accord PNR, sur l'archivage des données des voyageurs aériens, mais ont aussi rappelé leurs divergences au sujet des quotas européens d’émission de carbone qui à partir du 1er janvier 2012 doivent s’appliquer à toutes les compagnies aériennes desservant l'UE.

dimanche 13 novembre 2011

Quand la torture divise les candidats républicains

Onzième débat télévisé entre les candidats aux primaires républicaines hier soir à Spartanburg, en Caroline du Sud, et tout premier d'entre eux consacré à la politique étrangère. La question de l'usage du "waterboarding" par les services secrets américains a profondément divisé les huit adversaires.
Le débat d'hier avait le mérite d'aller un peu plus dans le fond des dossiers que les précédents rendez-vous du même genre. Si à deux mois du lancement des primaires il n'y a toujours pas de candidat naturel pour incarner le parti de l'éléphant dans la course à la Maison Blanche, l'ex-gouverneur du Massachusetts Mitt Romney reste celui qui fait le plus figure de présidentiable. Parmi les différents sujets abordés, l'ancien businessman de 64 ans élevé dans la foi mormone s'est voulu ferme sur l'Iran, appelant à davantage de sanctions contre le régime des Mollahs et envisageant même une intervention militaire d'Israël ou des Etats-Unis pour empêcher ce pays de se doter de l'arme nucléaire. Vu comme un libéral proche des entreprises plutôt qu'un populiste du Tea Party, Romney a également fait une intervention remarquée sur la Chine qui est entrée selon lui "dans une guerre commerciale" avec les Etats-Unis, réclamant que Pékin arrête de spéculer sur sa monnaie et soit auditionné devant l'Organisation Mondiale du Commerce.
L'ex-gouverneur a en revanche largement évité un sujet sensible qui a divisé les candidats lors du débat: celui de savoir si les services secrets et militaires américains devaient utiliser le "waterboarding" pour interroger des terroristes présumés. Cette technique du Moyen Âge consistant à ligoter la victime sur une planche, à lui recouvrir la tête d'un tissu et à lui verser de l’eau dessus pour la faire suffoquer, a été interdite par le président Barack Obama peu après sa prise de fonctions en 2009. Sur ce point, l'égérie du Tea Party et représentante élue du Minnesota à la Chambre, Michele Bachmann, n'a pas hésité une seconde pour marteler qu'en tant que "Commander-In-Chief" elle autoriserait l'usage de cette méthode qui n'est pas de la torture à ses yeux et reste "très efficace".

Une "méthode d'interrogation poussée"

Herman Cain, l'ex-pdg de la chaîne de restaurants Godfather's Pizza qui demeure haut dans les sondages malgré son implication présumée dans des affaires d'harcèlement sexuel remontant aux années 1990, a également défendu cette pratique qu'il considère simplement comme "une méthode d'interrogation poussée". Le gouverneur du Texas Rick Perry, soucieux de regagner du terrain après sa superbe gaffe trois jours plus tôt dans le Michigan où il avait annoncé qu'en tant que président il souhaiterait éliminer trois ministères sans être toutefois capable de se rappeler le nom du troisième (un "oups" mémorable), a vivement recommandé le waterboarding, lançant d'un ton démagogique: "C'est de la guerre qu'il s'agit. Ce sont des choses qui arrivent en temps de guerre!"
Seul Ron Paul, le vieil élu libertarien du Texas, poussant si loin ses principes de zéro gouvernement qu'il en tomberait presque à gauche, a rappelé que le waterboarding était "illégal selon le droit international" et même "immoral, non civilisé et anti-américain". De même, Jon Huntsman, ancien gouverneur de l'Utah et ex-ambassadeur d'Obama en Chine, parmi les plus modérés des candidats et ayant une vraie expérience de la politique étrangère, a constaté: "nous ne devrions pas torturer. Le waterboarding est de la torture" et si les Etats-Unis s'engagent dans cette voie "nous allons perdre notre capacité à protéger des valeurs que beaucoup de gens aux quatre coins du monde espèrent que nous continuons à défendre". Probablement pour s'assurer du soutien des électeurs les plus conservateurs, Romney aurait finalement assuré un peu plus tard à des journalistes qu'il ne considère pas le waterboarding comme une forme de torture.


Intervention de Ron Paul contre l'usage du waterboarding

Beaucoup d'autres sujets ont été évoqués lors du débat, dont l'Afghanistan, le Pakistan, l'Irak. Sur l'aide financière étrangère des Etats-Unis, Rick Perry a frisé la nouvelle gaffe en assurant qu'il souhaiterait en tant que président "partir de zéro" à ce sujet, y compris en ce qui concerne l'aide à destination d'Israël a-t-il déclaré, ajoutant toutefois très vite que ce pays restait l'un des principaux alliés des Etats-Unis. Herman Cain n'a guère brillé durant tout l'exercice, montrant à peu près aucune connaissance en matière de politique étrangère tandis que l'ancien sénateur de Pennsylvanie, Rick Santorum, est resté quasiment inexistant.

Aucun des opposants de Romney n'a osé cette fois-ci l'attaquer frontalement, tous choisissant plutôt de dénoncer les "dégâts" causés par l'administration Obama. L'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich - qui apparaît désormais dans les sondages comme l'un des premiers adversaires de Romney et se verrait potentiellement sur le ticket pour la vice-présidence des Etats-Unis - s'est même montré presque flatteur. Reste que la politique étrangère n'a jamais été décisive dans des élections américaines et que les prestations des candidats sur le dossier de l'économie pèseront nettement plus dans la balance pour les primaires qui démarreront en janvier dans l'Iowa, le New Hampshire et en Caroline du Sud.


Le mémorable "oops" de Perry lors du débat du 9 novembre dans le Michigan

jeudi 10 novembre 2011

L'Ohio récupère ses conventions collectives

Les citoyens de l'Ohio ont décidé mardi par référendum d'abroger une loi adoptée par leurs élus locaux qui restreignait drastiquement les conventions collectives pour les salariés du public. Une victoire pour les syndicats et démocrates de cet Etat du Midwest face au gouverneur républicain John Kasich, mais qui ne jouera pas forcément dans la balance pour la présidentielle de 2012.

Par 62% des voix, les "Ohioans" ont réclamé de supprimer cette législation qui avait fait tant de bruit lors de son adoption en février dernier à la Chambre et au Sénat locaux, tous deux aux mains des républicains. Le texte visait en effet à interdire littéralement le droit de grève (sous peine d'amende et/ou de prison) et à limiter la possibilité de négocier salaires, primes ou autres avantages pour les quelque 350 000 travailleurs publics de l'Ohio, dont les enseignants, les infirmières, les pompiers et les agents de police. La loi prévoyait aussi d'augmenter fortement les cotisations retraite et santé des fonctionnaires afin de les aligner sur celles des salariés du privé.

Pour justifier à l'époque l'adoption de ces mesures, le gouverneur républicain John Kasich, ayant pris ses fonctions peu de temps avant en janvier en promettant de briser le pouvoir des syndicats, avait brandi le prétexte de chercher à réduire le déficit de son Etat et rééquilibrer les budgets. Le même argument avait été soulevé dans le Wisconsin, gouverné par un autre nouvel élu ultra conservateur du nom de Scott Walker, où une loi à peu près similaire avait été adoptée en février/mars (à la différence qu'elle ne prenait pas en compte les pompiers et policiers).


John Kasich, en février dernier, justifiant
le contenu de son projet de loi devant des journalistes

Depuis la signature de cette loi en mars, les syndicats de l'Ohio ont mené une opposition frontale permanente avec le gouverneur. Travaillant pour l'occasion à l'unisson et avec leurs alliés démocrates, ils ont fait campagne dans toute la région pour recueillir quelque 900 000 signatures d'électeurs enregistrés afin de réclamer la tenue d'un référendum.  Face au résultat de mardi, le gouverneur Kasich a reconnu que "le peuple a parlé et quand le peuple parle dans une telle campagne vous devez l'écouter". Avant d'ajouter qu'il allait prendre une "profonde respiration et penser à ces résultats", mais qu'il n'y aurait pas de "sauvetage" de l'Etat pour rétablir le déficit.


Kasich distribuant de généreux salaires aux membres
de son staff lors de sa prise de fonctions en janvier

Dans le Wisconsin, les choses n'ont pas tourné de la même façon. On se rappelle qu'en février dernier, alors que le parlement local venait d'adopter le texte présenté par Scott Walker, les 14 élus démocrates du Sénat s'étaient enfuis pour se cacher dans un autre Etat (l’Illinois voisin) afin que la chambre haute n’ait pas le quorum nécessaire de 20 personnes pour mettre aux voix le projet de loi. Furieux les 19 sénateurs républicains avaient même demandé de lancer la police aux trousses des fugitifs pour essayer d’en récupérer au moins un, mais en vain. Finalement, par une combine procédurale, le texte avait pu être voté sans le quorum nécessaire et ce, malgré les semaines de protestations dans les rues de la capitale Madison. Des élections sénatoriales anticipées ont toutefois été convoquées par la suite dans le Wisconsin, après le déroulement ubuesque de cette affaire, mais les démocrates n'ont pas réussi à reprendre la main et la loi sur le "collective bargaining" (conventions collectives) est toujours en vigueur.

Un vote contre la loi n'est pas un vote pour Obama

Le sursaut populaire aura donc donné plus de résultats dans l'Ohio. Les supporters d'Obama se sont d'ailleurs immédiatement jeté dans la brèche, plaidant que le référendum de mardi est un véritable camouflet pour les républicains et qu'il faut continuer à se battre contre leurs tentatives d'éliminer des décennies d'acquis sociaux. L'Ohio est un Etat capital dans la course à la Maison Blanche qui est particulièrement pourvoyeur en candidats (sept natifs de l'Ohio ont été élus présidents des Etats-Unis) et dont les résultats électoraux sont en général au diapason du vote national. Cet Etat vote traditionnellement républicain à tel point qu'aucun candidat républicain ne peut vraiment prétendre devenir président s'il n'a pas remporté l'Ohio.

Certains analystes préfèrent néanmoins rester prudents quant à l'impact du résultat du référendum de mardi sur les présidentielles de novembre 2012. Ils estiment que la loi sur les conventions collectives était hautement controversée, y compris parmi les pompiers et policiers qui sont habituellement en faveur des républicains, et soulignent qu'un vote contre cette loi ne veut pas dire automatiquement un vote pour Barack Obama. Mais pour David Axelrod, l'un des précieux conseillers du président, ce qui s'est passé mardi est plus que "significatif" et reflète l'état d'esprit ambiant aux Etats-Unis. Reste que le même jour, l'Ohio a également voté par référendum pour demander que soit préservé au niveau de l'Etat la liberté des citoyens de choisir leur propre couverture santé - ce qui sonne comme une attaque à la réforme de la santé d'Obama.