samedi 31 décembre 2011

Newt Gingrich, animal lover

Que se passe-t-il dans la tête de Newt Gingrich ? Alors qu’il a dégringolé en une semaine de trois places dans les sondages en Iowa, conséquence directe de l’acharnement publicitaire de Mitt Romney contre lui, le candidat à l’investiture républicaine tente de retrouver du soutien en lançant un nouveau site sur les animaux...

Le site en question intitulé "Pets with Newt 2012" s'ouvre sur une photo de l’ancien président de la Chambre des représentants, l'air heureux avec son chapeau de safari enfoncé sur le crâne et deux petits animaux exotiques dans les bras. Les onglets à droite de la page d'accueil proposent de découvrir "Newt et Callista (sa femme) au zoo", appellent à envoyer des photos de son animal de compagnie, et surtout, encouragent à donner de l'argent pour la campagne 2012 de Gingrich...

Car l'objectif de l'ancien Speaker avec ce site pour le moins hors du commun est de montrer au public son côté "léger" et "marrant" en tant que politicien et candidat aux primaires républicaines en vue de l’élection présidentielle de novembre 2012. Gingrich, qui est un animal (c'est le cas de le dire) politique et un fin stratège rompu aux arcanes washingtoniens ayant notamment férocement attaqué Bill Clinton au moment de l’affaire Lewinsky, veut ainsi se démarquer de la "campagne négative" du favori Mitt Romney, qui mène depuis deux semaines une guerre acharnée contre lui à coups de spots télévisés.


La troisième épouse de Gingrich, Callista, aime également beaucoup les animaux
Pour l'ancien gouverneur du Massachusetts, Newt Gingrich est devenu l'homme à abattre depuis qu'il a vu, début décembre, sa cote de popularité grimper en flèche et qu'il est apparu de façon constante en tête des sondages en Iowa - où se tiendra le 3 janvier le tout premier caucus qui lance officiellement les primaires. Avec son comité d’action politique "Restaurez notre avenir", chargé de recueillir l'argent des personnes physiques et morales désireuses d'investir dans sa campagne, Mitt Romney a ainsi dépensé près de 2,5 millions de dollars en publicités négatives contre l’ancien Speaker. Depuis la décision historique du 21 janvier 2011 de la Cour Suprême des Etats-Unis, les entreprises et groupes d’intérêts peuvent en effet investir des montants désormais illimités dans des messages publicitaires de campagne.

L’un des récents spots de Romney démarre notamment par la voix d’une jeune femme demandant, avec en fond d’écran la photo d’un Obama tout sourire : "Savez-vous ce qui rend le Président heureux ?". Réponse : "Les valises de Newt Gingrich". On voit alors apparaître une série de valises tombant lourdement les unes après les autres sur un tapis roulant d’aéroport et bardées d’autocollants portant les inscriptions, non pas des villes supposément visitées, mais des vieux dossiers qui collent à la peau de Gingrich. Par exemple : le fait qu’il ait touché 1,6 million de dollars de frais de consultation de la société Freddie Mac, qui subventionne la majorité des crédits immobiliers et a largement pris part au déclenchement de la crise financière en 2008. Ou sa propension à négocier des accords avec les démocrates du Congrès au cours de sa carrière politique à Washington. La publicité cite aussi un article de la très conservatrice National Review décrivant Gingrich comme "incapable de se transformer, ou même, de se gouverner lui-même".


Publicité anti-Gingrich du comité d'action politique de Romney

Bref, une minute d’abattage en règle de l’adversaire, sans même citer une seule fois le nom de Mitt Romney. Une formule qui marche vu que Gingrich, qui a également été la cible des attaques du gouverneur du Texas Rick Perry, est désormais redescendu quatrième dans les sondages en Iowa, derrière Romney, Ron Paul et même Rick Santorum qui n'a pourtant guère fait vibrer les électeurs jusqu'à présent… L'équipe Gingrich, qui n’a pas les moyens financiers de riposter à armes égales avec Romney, a bien tenté de diffuser un spot télévisé dans lequel la voix d’un homme en colère explique qu’il ne faut pas "laisser les républicains de gauche nous piquer notre candidat", référence directe au fait que Romney est souvent vu au sein de l’électorat républicain comme un faux conservateur notamment sur les questions sociales. Mais cela ne suffit pas.

La nouvelle stratégie est donc désormais de mettre l'accent sur l’amour du candidat pour les zoos et les animaux. En espérant que les électeurs naïfs se laisseront convaincre… Comme d’autres candidats avant lui dans cette campagne (notamment Rick Perry et Herman Cain), Gingrich a connu pendant quelque temps son moment de grâce avant de redégringoler brutalement dans les sondages. Mitt Romney semble bel et bien le seul à rester constamment en position de favori dans cette course dont les prochaines dates capitales seront le caucus du 3 janvier en Iowa, suivi de la primaire du New Hampshire le 10 janvier. De son côté, Barack Obama se repose durant quelques jours sous le soleil d’Hawaï tandis que les démocrates ont sorti, pour cette fin d’année 2011, un Top 10 assez cocasse des gaffes des candidats républicains en 2011... 


Top 10 des gaffes des candidats républicains selon les démocrates

vendredi 23 décembre 2011

La classe moyenne peut souffler deux mois de plus

Nouveau blocage évité au Congrès et cette fois-ci Barack Obama en sort grand gagnant: les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, ont finalement accepté jeudi soir un compromis avec les démocrates pour étendre de deux mois supplémentaires les allègements fiscaux qui s’appliquaient aux salariés de la classe moyenne.

Une bonne nouvelle pour la Maison Blanche qui s'est acharnée à mettre la pression sur le Congrès pour obtenir la prolongation des ces cadeaux fiscaux qui sont censés arriver à expiration le 31 décembre et qui, s'ils s'arrêtent, risquent de faire augmenter les impôts de chaque foyer de 1000 dollars par an en moyenne selon l'équipe Obama. Depuis quelques jours, des comptes à rebours géants avaient été installés dans les couloirs de la Maison Blanche pour indiquer dans combien d'heures les Américains se retrouveraient avec une facture plus salée qu'auparavant. De même, le staff du Président avait lancé une grande campagne via Twitter pour illustrer ce que 40 dollars signifient pour chaque citoyen à travers le pays (cette somme étant l'augmentation prévue de chaque facture pour un foyer vivant avec 50 000 dollars par an, soit 1000 dollars à la fin de l'année). 


Obama s'était juste accordé une sortie mercredi
avec son chien Bo pour faire ses emplettes de Noël
(Photo Pete Souza, White House)


Le Sénat, aux mains des démocrates, avait entériné le 17 décembre le projet de loi du Président avant de partir en vacances. Mais le lundi suivant, la Chambre avait refusé de le faire, faisant courir le risque d'un nouveau blocage au Congrès juste avant la pause de Noël. Finalement, après négociations, le chef des républicains à la Chambre John Boehner a annoncé hier qu'un accord de principe avait été trouvé avec les démocrates. Difficile à moins d'un an des élections de passer pour ceux qui brisent encore un peu plus le pouvoir d'achat de la classe moyenne, alors que le pays stagne toujours avec un chômage aux alentours de 9%. Un sondage publié par la chaîne (certes de gauche) MSNBC a d'ailleurs montré dans la semaine que 6% des Américains considéraient Obama comme responsable du blocage, contre 94% qui préféraient faire porter le chapeau à John Boehner.

En annonçant le compromis, ce dernier a indiqué devant la presse que "quelquefois il est difficile de faire ce qui est juste", ajoutant que les membres du parti républicain à la Chambre "s'étaient bien battus". Obama, qui avait retardé ses vacances à Hawaï dans l'attente d'un compromis, devait signer le texte juste après son vote formel au Congrès vendredi, avant de partir rejoindre de bonne humeur sa femme et ses filles déjà sur place. De difficiles négociations seront toutefois à attendre à la rentrée pour tenter de parvenir à une prolongation de ces allègements fiscaux jusqu’à la fin 2012, comme le souhaitent les démocrates.

Le contexte sera alors plus que propice aux querelles partisanes puisque les primaires républicaines débuteront officiellement le 3 janvier avec le tout premier caucus (historique) de l'Iowa, en vue de l'élection présidentielle du 6 novembre.

lundi 5 décembre 2011

Quand Gingrich se frotte les mains

Après l'annonce du retrait d'Herman Cain samedi, l'ancien Speaker de la House Newt Gingrich voit sa cote de popularité remonter à moins d'un mois du lancement des primaires dans l'Iowa.

Alors c'est fait: Herman Cain a officiellement annoncé samedi, lors d'un rassemblement devant son quartier général de campagne à Atlanta, après avoir fait attendre son public dans le froid et de la musique des années 80, qu'il "suspendait" sa candidature. Ce qui en soi ne veut rien dire car on ne suspend pas une candidature, on l'arrête ou on la poursuit, mais tout le monde a bien compris que l'ancien PDG de la chaîne de restaurants Godfather's Pizza jetait l'éponge. Rattrapé par des accusations d'harcèlement sexuel remontant aux années 1990 et par le témoignage d'une businesswoman d'Atlanta révélant que Cain avait entretenu une relation extraconjugale avec elle depuis treize ans, le candidat républicain a préféré se retirer de la course pour "préserver" sa femme et sa famille et éviter que ces "mensonges" ne viennent "créer un nuage de doutes" dans l'esprit de ses supporters.

 Newt Gingrich (Photo AP)

L'homme d'affaires de 65 ans ne veut toutefois pas abandonner la lutte et a annoncé qu'il allait promouvoir la "Cain Solutions" et qu'il continuerait à défendre son fameux plan fiscal 9-9-9. Fox 5 Atlanta révèle en outre qu'Herman Cain devrait apporter lundi en fin de journée son soutien à Newt Gingrich, l'ancien président de la Chambre des représentants, qui s'en frotte déjà les mains. Dans un sondage paru samedi soir et réalisé parmi les électeurs de Des Moines en Iowa (premier caucus le 3 janvier), ce dernier passe en tête avec 25% des intentions de vote devant le libertarien Ron Paul (18%) et le jusqu'alors favori de la course Mitt Romney (16%). Un autre sondage NBC/Marist College Iowa publié dimanche révèle à peu de choses près les mêmes résultats avec un Gingrich à 28%, suivi de Paul et Romney à 19%. Reste à savoir si l'ère de grâce de Newt Gingrich va durer et s'il jouera véritablement le trouble-fête dans la campagne de Mitt Romney, comme John McCain l'avait fait il y a quatre ans (Romney avait fini second).  

Selon le Washington Post, plusieurs analystes démocrates s'inquiètent du pouvoir d'attraction de Gingrich malgré sa mauvaise réputation. Car si l'ancien Speaker âgé de 67 ans est connu pour avoir trompé ses différentes épouses, est tenu pour responsable de l'arrêt ("shutdown") du gouvernement sous l'administration Clinton en 1995, garde une affaire de corruption sur le dos et a dernièrement laissé échapper que  les lois sur l'interdiction du travail des enfants étaient "véritablement stupides", il pourrait notamment, s'il remporte les primaires républicaines, rafler une partie de l'électorat hispanique cher à Barack Obama. Gingrich publie en effet toutes les semaines un bulletin d’information intitulé "Newt con nosotros" (Newt avec nous) et a adopté une position sur l’immigration clandestine qui se situe à gauche de celle de tous ses rivaux républicains. Mais tout n'est pas fini et tout peut encore arriver en un mois, avant le lancement officiel des primaires et caucus dans les différents Etats.