mardi 13 septembre 2011

Rick Perry et tous ses amis

Deuxième débat télévisé hier soir à Tampa, en Floride, entre les candidats à l'investiture républicaine en vue de la présidentielle de novembre 2012. Désormais favori, le gouverneur du Texas Rick Perry a subi une salve d'attaques de la part de ses adversaires, ayant quelquefois du mal à se défendre.

Mitt Romney, rétrogradé deuxième dans les sondages depuis l'entrée dans l'arène de Rick Perry, a immédiatement critiqué ce dernier sur la question du programme de retraite de la sécurité sociale. L'ex-gouverneur du Massachusetts a martelé que Perry souhaite à présent maintenir ce programme alors qu'il n'y a même pas six mois il scandait qu'il s'agissait d'un système frauduleux et mensonger qui ne devrait pas être mis dans les mains du pouvoir fédéral. "Voulez-vous ou non que ce secteur retourne aux Etats?", a lancé un Romney battant et préparé à l'adresse de Perry, debout juste à côté de lui. Le gouverneur chevronné du Texas a contre-attaqué en répliquant qu'à la différence de Romney son but n'était pas de "terroriser les personnes âgées" mais bien "d'avoir un débat légitime sur les moyens d'ajuster ce programme pour qu'il ne fasse pas faillite" -  sans apporter toutefois plus d'éléments d'informations sur les moyens d'y parvenir.

Romney n'a guère pu insister davantage sur ce sujet qui reste sensible pour lui depuis que son propre camp lui reproche d'avoir signé, lorsqu'il était gouverneur du Massachusetts, une loi sur la santé proche de celle d'Obama. Il a toutefois lancé une autre pique bien assaisonnée à son adversaire texan, soulignant que les chiffres flatteurs de créations d'emplois au Texas tenaient d'abord à l'absence d'impôt sur le revenu et aux ressources naturelles de l'Etat plus qu'à la politique menée par Perry, avant de chuter: "au poker ce n'est pas parce qu'on a quatre As que l'on est un bon joueur". Ce qui a poussé Perry à répliquer: "Mitt tu t'en sortais très bien jusqu'à ce que tu te mettes à parler poker". Interrogé sur le sujet, le libertarien Ron Paul, représentant élu du Texas, s'est également montré sceptique quant à toute implication de Perry dans le miracle économique de son Etat, ironisant: "je n'en dirai pas plus de peur qu'il augmente mes impôts".



Mais la plus forte attaque est probablement venue de Michele Bachmann, la représentante du Minnesota et égérie du Tea Party, qui a violemment accusé Rick Perry d'avoir signé un ordre exécutif réclamant que les jeunes filles préadolescentes reçoivent un vaccin contre le cancer du col de l'utérus. En pleine forme, face à un auditoire Tea party très en sa faveur, Bachmann a réitéré son opposition à cette mesure et lancé que l'entreprise fabriquant le vaccin, qui allait pouvoir se remplir les poches, avait contribué financièrement à la campagne de Perry. Quelque peu estomaqué, le gouverneur du Texas a mis quelques secondes avant de répondre qu'il s'agissait d'une contribution à hauteur de "seulement" 5000 dollars et d'ajouter une phrase qu'il a probablement dû immédiatement regretter: "j'ai réussi à recueillir 30 millions de dollars dans ma campagne, donc si vous dites que je peux me faire acheter pour 5000 dollars je suis offensé"...



Les autres candidats semblaient moins obnubilés par Perry. L'ex-sénateur de Pennsylvanie Rick Santorum a gagné les applaudissements du public en conspuant Ron Paul pour avoir déclaré que les attentats du 11 septembre étaient en partie la conséquence de la politique étrangère militaire des Etats-Unis. L'ancien ambassadeur d'Obama en Chine Jon Huntsman ne s'est guère démarqué non plus, bien qu'il ait réussi la prouesse de placer le nom de Kurt Cobain dans ce débat républicain en tentant un jeu de mot avec le titre du livre de Mitt Romney "No Apology" proche de la chanson "All Apologies" du leader du groupe Nirvana. Mais la foule n'a pas réagi à sa boutade qui est tombée à l'eau. Newt Gingrich, l'ex-président de la Chambre des représentants,  semblait de son côté plus intéressé à assaillir de critiques le président Obama, tandis qu'Herman Cain, fondateur de la chaîne de restaurants Godfather's Pizza, n'a suscité qu'une seule fois l'intérêt en affirmant qu'il souhaiterait "apporter le sens de l'humour à la Maison Blanche".

Trois autres débats de ce genre devraient avoir lieu dans les prochaines semaines. C'est également à Tampa que se tiendra en août 2012  la convention républicaine chargée de désigner le "ticket" candidat pour les postes de président et de vice-président des Etats-Unis. La Floride est l'un des Etats traditionnellement indécis qui pourrait aider l'opposition à l'emporter sur les démocrates. En 2000, elle avait penché pour George W. Bush mais en 2008 pour Barack Obama.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à commenter!