dimanche 11 septembre 2011

Un dimanche presque ordinaire

New York, 11 septembre 2011, quelque part entre 20h et minuit. Les deux puissants jets de lumières verticales de "Tribute in Lights" s'élancent dans la nuit new-yorkaise depuis l'ancien emplacement des tours défuntes, perçant les nuages agglutinés sur la ville.

Les cérémonies de commémoration des dix ans des attentats sont finies. Les discours officiels ont été prononcés, les minutes de silence respectées, les noms des victimes énumérés, les prières récitées. Le son poignant des cornemuses, sorties pour l'occasion, aussi s'est tu. Restent, à Ground Zero, quelques policiers et des badauds observant les noms des victimes gravés sur les rebords en marbre des deux immenses  fontaines installées sur la nouvelle "place du mémorial". Un camion de pompier, paré d'un large drapeau américain flottant dans le vent, déboule dans une rue voisine en lançant un long et déchirant coup de sirène, comme dans un dernier hommage. Les têtes se tournent, les cœurs s'arrêtent un instant.

La journée du 11 septembre est finie. Il n'y a pas eu d'attentat. Mis à part les cérémonies à Ground Zero et l'impressionnant dispositif policier déployé dans toute la ville, ce dimanche était un dimanche presque  ordinaire à New York. Dans Central Park, les joggers ont joggé, les touristes ont photographié le mémorial Strawberry Fields de John Lennon. Dans les rues d'Harlem, les chants Gospel se sont échappés des Eglises tandis que sur la place principale de Chinatown les anciens ont joué au mahjong et baragouiné de vieux airs patriotiques.

A la télé, plusieurs chaînes ont rediffusé leur couverture en direct des attentats du 11 septembre, il y a dix ans: les premiers commentaires ahuris des journalistes à la vue des tours flambantes, la réaction de George W. Bush dans cette école primaire en apprenant la nouvelle, sa première intervention tardive, nerveuse, déjà guerrière. Le Time a de son côté choisi de publier une série de photos en noir et blanc des différents protagonistes du 11 septembre, des hommes forts de l'administration Bush, en passant par les militaires, activistes, proches de victime, pompiers, etc.

Dans un témoignage, le vice-président de l'époque Dick Cheney y explique comment très vite l'administration a estimé que la stratégie serait d'aller combattre les terroristes en Afghanistan "parce que c'est là que se trouvait Oussama ben Laden" et d'intervenir en Irak "à cause de ce problème d'armes de destruction massive", ajoutant que les décisions prises "ont été coûteuses en nombre de vies et en terme financier mais c'était la meilleure chose à faire".

Plus intéressant est le témoignage de Valerie Plame Wilson, ex-agent secret de la CIA dont l'identité fut finalement dévoilée à ses dépens et qui s'est battue avec son mari pour démontrer que Saddam Hussein n'avait pas essayé de se procurer de l'uranium au Niger pour construire  des armes de destruction massive. Elle se dit satisfaite aujourd'hui de voir que la vérité a au final éclaté, à savoir que "les services de renseignements ont été manipulés" et "que l'on a vendu une guerre aux citoyens américains qui n'était pas dans leurs meilleurs intérêts". "Je ne pense pas que l'histoire jugera ces décisions positivement".

2 commentaires:

  1. merveille-plein, merci toi Célia.

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  2. Enfin les articles sont revenus! car c'est tres difficile de trouver des articles de qualité sur le net( pour ne pas citer certains journeaux)! tres bien écrit on s'y croirait, on aurait pu croire au début d'un roman...y as tu déjà pensé :)
    ton frère

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