mercredi 12 octobre 2011

Le plan sur l'emploi rebuté d'emblée

A peine mis sur la table, le paquet législatif sur l'emploi de Barack Obama s'est fait rebuter d'emblée au Sénat, pourtant dominé par les démocrates. Mais le président assure qu'il va tenter de décortiquer son texte pour le faire adopter pièce par pièce.

Par 50 voix contre 49, le Sénat américain a décidé mardi de ne pas procéder à un débat sur le projet de 447 milliards de dollars du président Obama, censé stimuler l'économie américaine et réduire un chômage toujours bloqué à 9%. Les démocrates, pourtant majoritaires à la Chambre haute, n'ont en effet pas réussi à réunir le seuil des 60 voix nécessaires pour ne serait-ce qu'obtenir un débat sur le texte. Tous les républicains ont voté contre, ainsi que deux démocrates. 

Un coup dur pour le président qui bat le pavé depuis un mois dans différents Etats du pays pour promouvoir son projet de loi, mettant en avant l'urgente nécessité de relancer la croissance et de remettre l'Amérique au travail après un été bloqué par les négociations compliquées sur le relèvement du plafond de la dette. Les derniers sondages montraient même que Barack Obama avait réussi ces dernières semaines à regagner du terrain auprès de l'opinion publique face aux républicains, en plaidant que ses adversaires cherchaient à faire obstruction à la création d'emplois et continuaient à dire non à tout, notamment à la fin des exemptions fiscales pour les plus riches.

Le message vidéo hebdomadaire du président
samedi dernier était consacré au plan pour l'emploi 

Estimé au total à quelque 447 milliards de dollars, le plan d'Obama prévoit des réductions de prélèvements sur les salaires ainsi que des crédits supplémentaires pour payer les professeurs ou les pompiers, financer de grands projets d’infrastructure, faire des travaux dans les écoles, refinancer les crédits immobiliers et prolonger l’indemnisation des chômeurs. La mesure centrale, qui coûterait 175 milliards à elle seule, consiste par ailleurs à réduire de moitié la contribution salariale à la Social Security (l’assurance-retraite). Ce qui représenterait 1500 dollars supplémentaires directement dans la poche de chaque famille américaine moyenne en 2012, selon la Maison Blanche. L'administration assure en outre que ces mesures permettront de créer 1,9 million d'emplois et de faire baisser le taux officiel de chômage de 9,1 à 8,1%.

Mais les républicains se sont farouchement élevés contre plusieurs aspects de ce paquet, notamment son financement, assuré en grande partie par une hausse de la fiscalité visant les contribuables les plus aisés et par la suppression de niches fiscales. Ces derniers ont martelé mardi que l'opposition au texte était bipartisane et que certains démocrates estimaient également que dépenser tant d'argent alors que le pays subissait déjà un déficit annuel de 1500 milliards de dollars était une "lousy idea" (idée bidon) - selon les termes du chef de la minorité républicaine au Sénat Mitch McConnell (Kentucky).

Diviser le texte en petits bouts

La Maison Blanche a aussitôt rétorqué qu'il serait "absurde" de conclure que les démocrates ne soutiennent plus le président Obama, à un an des présidentielles, simplement "parce qu'une poignée de centristes ont voté contre" le texte. L'atmosphère dans les rangs démocrates reste portant bel et bien mitigée. De son côté, le sénateur indépendant du Connecticut Joe Lieberman reconnaît qu'il garde quelques doutes quant au contenu du projet de loi même s'il s'est lui-même prononcé en faveur d'un débat. "Le fait que ce plan puisse créer des emplois ne justifie pas d'ajouter 500 milliards de dollars de plus à notre dette nationale", a-t-il estimé, soulignant que la plus importante chose à faire pour réduire le chômage serait de maintenir fermement la dette sous contrôle.

Dans ce contexte, la Maison Blanche a fait savoir mardi qu'elle allait travailler avec les démocrates du Sénat pour diviser le projet de loi en différents morceaux susceptibles d'être adoptés plus facilement.  Barack Obama a quant à lui déclaré dans un communiqué que "les Américains ne vont pas prendre un 'non' pour une réponse", ajoutant qu'il est "temps pour le Congrès de remplir ses responsabilités, de laisser de côté ses divisions politiques et de prendre des actions en faveur de l'emploi tout de suite". Alors que l'inquiétude monte dans la population et que la contestation gagne du terrain (notamment avec l'extension du mouvement "Occupy Wall Street"), le camp Obama devrait utiliser ce vote pour montrer que les républicains veulent faire passer les milliardaires avant les travailleurs.

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