mardi 7 juin 2011

Un parti républicain sans visage

A l'approche du très attendu débat télévisé du 13 juin dans le New Hampshire, de plus en plus de candidats républicains se lancent enfin dans la course. Mitt Romney fait à ce stade figure de favori alors que Sarah Palin, en tournée sur la côte Est, n'a toujours pas révélé ses intentions.

Le débat du 13 juin sera le premier véritable affrontement entre les potentiels nominés du parti de l'éléphant pour les présidentielles du 6 novembre 2012. Il se déroulera dans le New Hampshire, Etat capital pour les candidats à l'investiture républicaine et démocrate car c'est là que se tient traditionnellement la première élection primaire de chaque parti. Sept noms, officiellement dans la course, ont déjà répondu à l'invitation lancée par le célèbre présentateur de CNN John King qui animera la soirée. Une grande absente demeure: Sarah Palin qui a déclaré qu'elle ne pensait pas pouvoir venir car il est "trop tôt" à ses yeux. 

Jusqu'à présent, l'égérie du Tea Party âgée de 47 ans maintient le suspense quant à ses intentions. Le 29 mai dernier, elle a lancé sa tournée médiatique en autobus le long de la côte Est du pays pour redorer son blason après avoir disparu des radars pendant plusieurs mois. Son image a en effet souffert de la fusillade meurtrière de Tucson, en janvier, qui a fait six morts et blessé à la tête la députée démocrate d'Arizona Gabrielle Giffords. Palin et ses troupes avaient alors été accusés de propager des messages violents notamment cette fameuse carte des cibles à éliminer montrant dans un viseur de revolver une série de districts aux mains des démocrates, dont celui de Giffords.


Reportage d'ABC News sur la potentielle candidature de Sarah Palin
Palin se refait donc une santé médiatique avec ce "road trip" dans les lieux historiques du pays, apparaissant sur toutes les chaînes de télévision, s'adressant de façon simple aux "petites gens" et s'adonnant à ce qui ressemble à s'y méprendre à une véritable pré-campagne électorale. L'ex-gouverneure d'Alaska aurait même acheté une maison d'1,7 millions de dollars en Arizona pour y relocaliser son quartier général de campagne, assurent certains commentateurs. Un documentaire du réalisateur conservateur Stephen K. Bannon la présentant sous on meilleur jour devrait par ailleurs être diffusé le mois prochain.
Mais pour l'heure, Palin n'est toujours pas candidate et elle n'est donc pas prévue au programme du débat du 13 juin. Les sept autres concurrents sont en revanche attendus et commencent déjà à affûter leurs armes. Beaucoup se sont portés candidats ces dernières semaines, ce qui reste historiquement tard dans le calendrier. Mitt Romney, ex-gouverneur du Massachusetts, ancien businessman élevé dans la foi mormone, arrivé deuxième derrière John McCain lors des primaires républicaines de 2008, fait figure de favori. Âgé de 64 ans, il a annoncé sa candidature la semaine dernière en mettant l'accent sur l'économie, la création d'emploi et la réduction du déficit américain. Ses adversaires républicains lui reprochent d'avoir signé une loi, au niveau local, sur les services de santé lorsqu'il était gouverneur de son Etat de 2003 à 2007. Mais Romney assure que celle-ci n'avait rien à voir avec la réforme d'Obama que le parti républicain s'acharne à éradiquer.  
De gauche à droite: Bachmann, Paul, Gingrich, Cain, Pawlenty, Santorum et Romney (Photo CNN)
On trouve aussi comme potentiel nominé l'ancien sénateur de Pennsylvanie Rick Santorum qui a annoncé sa candidature lundi. Ce père de sept enfants, âgé de 53 ans, est le favori des chrétiens évangéliques et défend des positions férocement homophobes, anti-avortement et pro-peine de mort. Il faut également citer l'ex-Président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, qui à 67 ans garde une très mauvaise réputation à la fois pour avoir trompé ses différentes épouses et provoqué l'arrêt ("shutdown") du gouvernement sous l'administration Clinton en 1995. Gingrich se disait jusqu'alors opportunément "fan" du Tea Party mais le mouvement ultraconservateur ne devrait pas le soutenir et l'assimile même à un "R.I.N.O" (Republican In Name Only) car l'ex-Speaker de la House a dernièrement critiqué le projet républicain de sabrer les financements pour le programme Medicare dédié aux personnes âgées.
Autre candidat en lice: l'ancien gouverneur du Minnesota âgé de 50 ans Tim Pawlenty, surnommé "T-Paw" par les médias américains. Concentré sur la réduction du déficit et la non-augmentation des impôts, il devrait avoir fort à faire pour trouver une place parmi ses adversaires mais il tente de s'imposer comme un candidat du Midwest qui ne craint pas d'envisager des solutions draconiennes en vue de régler les problèmes financiers du pays. Il ne faut oublier non plus Ron Paul, 75 ans, député du Texas ayant déjà été trois fois candidat pour les primaires républicaines dont la première fois en 1988 au nom du parti libertarien. Cette branche du parti républicain place la liberté individuelle comme principe absolu de vie et préconise un Etat fédéral au rôle ultra-limité, ainsi que de faibles impôts, des marchés libres, une politique étrangère non interventionniste. Ron Paul a poussé le concept libertarien si loin dans sa logique qu'il prône la vente libre de tous les stupéfiants, estimant qu'il s'agit d'un sujet relevant de la responsabilité personnelle. Sur certains points, il est soutenu par les partisans du Tea Party dont la voix devrait largement compter lors de ces élections.
Nombreuses défections
Reste enfin la députée du Minnesota Michele Bachmann, 55 ans, autre égérie du Tea Party dans le même style que Sarah Palin (sauf que si cette dernière se présente  Bachmann devrait a priori être éclipsée) et l'ancien PDG de la chaîne de restaurant "Godfather's Pizza" Herman Cain qui, à 65 ans, est le seul Africain-Américain de la course républicaine. La liste s'arrête ici car de nombreuses figures pressenties ont renoncé à l'investiture telles que l'ex-gouverneur de l'Arkansas Mike Huckabee, le richissime homme d'affaires Donald Trump, le gouverneur de l'Indiana Mitch Daniels ou son homologue du Mississippi Haley Barbour. Jon Huntsman, ex-ambassadeur de Barack Obama en Chine et ancien gouverneur de l’Utah, pourrait quant à lui annoncer sa candidature à la dernière minute.
C'est la première fois que le parti républicain  se retrouve à ce stade de la campagne sans visage pour l'incarner ni leader charismatique naturel. Cela traduit une crise profonde du parti, divisé en son sein entre différentes tendances. Beaucoup de républicains semblent par ailleurs convaincus que l'élection de 2012 est perdue d'avance surtout si Barack Obama, qui devrait lever près d'un milliard de dollars pour sa campagne, bénéficie d'une relance de l'économie.

1 commentaire:

  1. This guy Cain is interesting. Conventionally conservative on the usual subjects, but if you look at Wikipedia, he has a fascinating personal background:-

    Cancer

    In 2006, Cain was diagnosed with Stage IV cancer in both his colon and his liver. Cain underwent surgery and chemotherapy following the diagnosis, and has since reported that he is cancer-free.[39]

    Race

    Cain has shared first-hand accounts of racial discrimination. In a YouTube video uploaded by his campaign, he describes the experience of sitting behind the white/black demarcation on buses. He also talks about the experience of taking turns with his brother, standing watch as each took a drink from the "white" side of a segregated water fountain in a department store.

    In this video, Cain explains that he does not embrace the concept of the "African-American". He says, "When people try to label me, I very quickly point out that I am an American first, black second, and I'm a conservative. So, I'm an ABC."

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