"AMERICA IS WAKING UP!!!!", tonitruait dans le micro jeudi la voix d'un organisateur de la manifestation "Occupy DC", extension dans la capitale américaine du mouvement new-yorkais "Occupy Wall Street" qui depuis un mois fait le siège devant la première bourse mondiale pour protester contre le fossé entre les riches et les pauvres. Pas assez nombreux pour occuper le National Mall de Washington, les manifestants s'étaient réunis sur la Freedom Plaza, située dans l'alignement du Congrès ainsi qu'à deux blocs de la Maison Blanche et du département du Trésor. Sous un ciel bleu turquoise, le rassemblement avait pour but de dénoncer les "systèmes et institutions qui soutiennent sans fin la guerre et l'avidité incontrôlée des entreprises", tout en portant un message principal: taxer les riches et réinstaurer plus de justice sociale.
Comme à New York, la manifestation comprenait un mélange confus de progressistes, anticapitalistes, anarchistes, vétérans, pacifistes, syndicalistes et victimes sans-emplois de la crise. Si beaucoup étaient venus en groupes, certains se baladaient tout seul avec leur pancarte, à l'instar de Cozettee, retraitée depuis peu après avoir travaillé pendant trente ans pour le gouvernement. "Je suis là pour protéger la classe moyenne qui voit ses emplois externalisés, ses horaires de travail coupés, et qui continue de payer pour tout le monde", explique-t-elle, soulignant que les plus nantis et les entreprises pétrolières ou gazières continuent de bénéficier d'exemptions fiscales. Selon elle, la situation aux Etats-Unis a empiré depuis que les républicains ont pris le contrôle de la Chambre en novembre 2010 et décidé "de dire non à tout", y compris au plan pour l'emploi de Barack Obama, paquet législatif présenté début septembre et estimé à 447 milliards de dollars.


Parti de New York le 17 septembre, le mouvement est resté peu visible durant des semaines jusqu'à ce que la police de New York attaque à coup de gaz poivré des manifestants et procède à quelque 700 arrestations sur le pont de Brooklyn samedi dernier. S'il peine à se trouver une ligne claire et reste sans leaders officiels ni agenda commun, le mouvement se déclare démocratique et non contrôlé par les élites politiques. Avec la propagation des manifestations dans plusieurs grandes villes du pays, dont Boston et Los Angeles, certains y voient le début d'un véritable réveil de l'Amérique comme à la fin des années 1960.
D'autres assimilent le mouvement au pendant gauchiste du groupe ultraconservateur et anti-establishment du Tea Party. Plusieurs personnalités ont déjà apporté leur soutien aux militants comme le cinéaste Michael Moore, de l'actrice Susan Sarandon ou du milliardaire George Soros, qui s'est plus qu'enrichi avec la crise financière mais reconnaît que les manifestants ont raison de protester contre un système financier qui met en danger leur futur... Du côté des politiques américains, seule une poignée d'élus dont le sénateur indépendant du Vermont Bernie Sanders ou le représentant démocrate d'Ohio Dennis Kucinich ont exprimé leur sympathie. Quant au président Barack Obama, jusqu'alors muet sur la question, il a fait jeudi son premier commentaire public, constatant que "le peuple américain est frustré et les manifestants donnent une voix à une frustration bien plus large sur la façon dont fonctionne notre système financier".
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