jeudi 31 mars 2011

Non rien de rien, je ne regrette rien

Donald Rumsfeld était invité au Hudson Institute de Washington ce mardi pour présenter ses mémoires « Known and Unknown » parus en février. L’ancien Secrétaire à la Défense de l’administration Bush (de 2001 à 2006), aux commandes de la guerre en Afghanistan et de l’invasion en Irak, est revenu sur ses six années passées à la tête du Pentagone en justifiant ses actions et en balayant toute critique. Extraits.

Un Donald Rumsfeld confiant
ce 29 mars à Washington (Photo C.S.)
Sur la lutte contre le terrorisme. L’ancien faucon républicain âgé de 78 ans souhaite mettre un A+ au Président Bush dans ce domaine. Car s’il reste selon lui « impossible » de se défendre contre des attaques terroristes partout et à toute heure du jour et de la nuit, « depuis près de dix ans les Etats-Unis n’ont pas connu la moindre attaque terroriste réussie ». Ce qui, à ses yeux, est « à mettre au crédit de Bush et de la structure qu’il a créée ». Une structure « pas simplement défensive » mais visant aussi à « faire pression sur les terroristes et à rendre toutes leurs actions beaucoup plus difficiles telles que lever de l’argent, voyager ou communiquer par téléphone ».

Sur la guerre en Afghanistan. Aux premières loges de ce conflit en tant que ministre de la Défense, Donald Rumsfeld rejette les critiques concernant la campagne menée sur le terrain par les troupes américaines. Il souligne que les Etats-Unis sont arrivés dans ce pays avec des « forces limitées » et sont malgré tout parvenus à « tuer et capturer des membres d’Al-Quaïda », à « repousser les Talibans hors de Kaboul et de la plupart du reste du pays » et à limiter au final la « période de violence ». Selon lui, de 2003 à 2005, l’Afghanistan était même en « très bonne forme », puisqu’il y avait une Constitution et des élections, l’activité économique avait repris et les réfugiés revenaient. « On a déformé l’histoire » en affirmant que les Américains avaient perdu pied en Afghanistan, poursuit-il. L’ancien Congressman estime aujourd’hui que ce pays devra « évoluer dans la voie qui lui convient le mieux et qui correspond à son stade particulier de développement ».

Sur le fiasco des armes de destruction massive en Irak. L'ex-Secrétaire d'Etat assure que l’administration Bush et l’armée croyaient en leur existence. Pour Rumsfeld, affirmer que la présence de ces armes chimiques et biologiques était un prétexte mensonger pour envahir l’Irak est une « allégation honteuse ». « Des erreurs ont été faites », reconnait-il, mais « je peux vous assurer que le Président croyait chaque mot qu’il prononçait, tout comme le vice-Président Dick Cheney ou le Secrétaire d’Etat Colin Powell ». Ce dernier aurait notamment « beaucoup travaillé pour préparer son discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies (le 5 février 2003) et l’idée qu’il ait pu mentir est tout simplement inexcusable et irresponsable », ajoute Rumsfeld, éludant complètement la question de la légitimité de cette guerre.

Colin Powell présentant son argumentaire
au Conseil de sécurité de l'ONU le 5 février 2003

Sur les allégations de tortures à Guantanamo. Donald Rumsfeld raconte d'un air presque amusé à l’auditoire du Hudson Institute avoir un jour discuté avec une journaliste et lui avoir demandé : « Combien de personnes ont selon vous subi la torture par l’eau à Guantanamo ? » (« waterboarding » en anglais, technique du Moyen Âge consistant à ligoter la victime sur une planche, à lui recouvrir la tête d'un tissu et à lui verser de l’eau dessus pour la faire suffoquer). La journaliste aurait répondu : « Des dizaines ». Et lui de répliquer : « Bien sûr que la réponse est zéro. Aucun homme n’a subi une telle torture à Guantanamo. Pas un! ». Malaise et froid dans la salle face à ces propos inévitablement invérifiables.

Sur l’OTAN et la révolution libyenne aujourd’hui. Rumsfeld estime que l’OTAN est « potentiellement utile » car certains problèmes ne peuvent pas être réglés à l’échelle d’un seul pays. L’ex-ministre rappelle fièrement « qu’au temps de la guerre contre le terrorisme Bush et Powell ont réussi à réunir une coalition de 90 pays, en Afghanistan ils ont obtenu une coalition de 69 pays et en Irak de 45 pays ». Il se dit frappé de voir aujourd’hui toutes ces discussions confuses sur la Libye. Selon lui, l’OTAN ne peut bien fonctionner qu’avec un « engagement » et un « leadership fort » des Etats-Unis, non seulement sur le plan militaire mais aussi politique, « c’est juste une réalité de cette institution » selon lui. A la question de savoir si cela est une critique indirecte à l’adresse du Président Obama et s’il souhaiterait voir les Etats-Unis reprendre la direction des opérations en Libye, le belliqueux Rumsfeld remue sur son siège, lâche un faible sourire, avant de répondre oui de la tête.

2 commentaires:

  1. Comment répondre à tant de mauvaise foi ? sinon que la marmotte elle met le papier alu

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  2. le petit bonhomme en mousse tralala...sacré rumsfeld, il pourrait venir raconter ses blagues chez patrick sebastien ou aux grosses tetes...mais qu'on ne s'inquiète pas, nous avons les mêmes en France...parole et parole et parole...

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