mardi 29 mars 2011

Obama : La Libye n’est pas l’Irak

Critiqué à droite comme à gauche sur la question libyenne, Barack Obama a défendu lundi soir, lors d'une adresse télévisée à la Nation, son intervention militaire. Il a souligné qu’il était de sa responsabilité d’agir pour éviter un massacre humanitaire tout en assurant que les troupes américaines ne s’engageraient pas davantage comme ce fut le cas en Irak.

Les clarifications du Président démocrate étaient attendues depuis qu'il a décidé de lancer il y a dix jours des frappes aériennes sur les forces du colonel Khadafi, avant de se retirer de la direction des opérations pour céder le « lead » à l’OTAN. L'opinion américaine reste en effet divisée sur la question: 47% de la population soutiendraient l’intervention des Etats-Unis contre 37% qui la désapprouvent selon un sondage Gallup. De nombreuses critiques émanent en outre du Congrès, plusieurs législateurs des deux bords politiques ayant reproché à Obama de n'avoir pas sollicité leur autorisation avant de lancer les frappes. Le chef de l'Etat s’est aussi vu accuser sur sa gauche d'engager le pays dans une troisième guerre au Moyen-Orient et sur sa droite d’être trop frileux comparé à son prédécesseur George W. Bush lors de l’invasion de l'Irak en 2003.

Dans ce contexte, Obama a répliqué lundi, depuis la « National Defense University » de Washington, qu’il était de la responsabilité des Etats-Unis d’intervenir. Car cela aurait été « trahir ce nous sommes » que  de ne pas « empêcher un massacre ». « Depuis plus de 40 ans, le peuple libyen est dirigé par un tyran, Mouammar Kadhafi. Il prive son peuple de toute liberté, exploite ses richesses, assassine ses opposants, chez lui comme à l'étranger, et terrorise des innocents dans le monde entier (...) Ce soir, je suis en mesure de dire que nous avons stoppé la progression meurtrière de Kadhafi », a-t-il martelé, précisant que le cas libyen était différent de l’Egypte, du Bahreïn, du Yémen ou de la Syrie.

 Extrait du discours de Barack Obama du 28 mars 2011

Le Président a par ailleurs souligné que « la Libye et le monde se porteraient mieux sans Kadhafi au pouvoir » mais il a ajouté que ce serait une « erreur » d’élargir davantage l’intervention américaine: « Nous avons pris ce chemin en Irak, le changement de régime a duré huit ans et a coûté des milliers de vie américaines et irakiennes ainsi que près d’un billion (mille milliards) de dollars. Nous ne pouvons pas nous permettre de répéter cela en Libye ». Le « Commander in Chief » a conclu ses propos en assurant que dès à présent les Etats-Unis n’auraient plus qu'un « rôle de soutien » en Libye.

 Discours de George W. Bush annonçant l'invasion de l'Irak le 19 mars 2003

Ce discours de 27 minutes aura probablement convaincu une partie de l’opinion publique par ses touches patriotiques et émotionnelles. Mais il n'aura certainement pas répondu aux plaintes des législateurs, le Président se bornant à déclarer qu’il avait autorisé les frappes « après avoir consulté le leadership bipartisan du Congrès ». Les critiques émanant de Capitol Hill devraient donc se poursuivre. Dès lundi soir, le sénateur d’Arizona et ancien candidat républicain à la Maison Blanche en 2008, John McCain, a reproché à Obama son manque de fermeté indiquant: « Si l’on dit à Khadafi 'Ne t’inquiète pas tu ne seras pas contraint par la force de quitter le pouvoir', je pense que c’est un signal très encourageant pour lui ».

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