dimanche 15 mai 2011

DSK, triste vedette de la presse américaine

Entre commentaires prudents et lynchages en règle, la presse américaine a titré tout le week-end sur l’interpellation de Dominique Strauss-Kahn  samedi soir à New York et son  inculpation pour "acte sexuel criminel, tentative de viol, séquestration illégale".

Les médias n'en finissaient plus, dimanche, de décrire la fameuse scène de l'hôtel Sofitel situé sur la 44ème rue Ouest au cœur de Manhattan. Le New York Post, tabloïd conservateur et populiste dans les mains du magnat Rupert Murdoch, qui a révélé l'affaire en premier dans la nuit de samedi, est revenu avec moult détails sur la sortie de la salle de bain du Directeur du Fonds Monétaire International et l'agression (présumée) de la femme de chambre. Plus sobre, le prestigieux New York Times a mis l'accent sur le fait que l'arrestation de DSK "plongeait la classe politique française dans le désarroi". Ce dernier faisait en effet figure, jusqu'à samedi encore, de favori du parti socialiste pour les présidentielles de 2012.

Le tabloïd Daily News, connu pour ses formules chocs et ses titres tapageurs, n'a de son côté pas lésiné sur les moyens, placardant en Une "Le Perv" (le pervers) et reprenant une photo de DSK de profil se léchant les babines. Le Wall Street Journal a quant à lui préféré expliquer à ses lecteurs que le directeur général adjoint du Fonds Monétaire International, John Lipsky, allait exercer temporairement les fonctions de Strauss-Kahn. Lipsky devait d'ailleurs présider dimanche soir à Washington un conseil d'administration informel dédié à cette deuxième affaire DSK.


La Une du Daily News dimanche, tabloïd tirant à plus de 700 000 exemplaires

En 2008 déjà, les 24 membres du conseil d'administration avaient dû se prononcer sur le comportement de leur tout nouveau patron - ce dernier ayant eu une relation avec l'une de ses subordonnées. L'enquête n'avait finalement entraîné aucune suite. A présent, vu la gravité des chefs d'inculpation, le FMI pourrait décider de mettre un terme aux fonctions de Dominique Strauss-Kahn même si l'homme y est apprécié et son travail respecté.

DSK risque jusqu'à 20 ans de prison

Les chaînes de télévision américaines ont aussi largement couvert dans leurs éditions de dimanche l'inculpation du patron du FMI. La plupart avaient même détaché des correspondants devant le Sofitel, pour montrer que cet hôtel luxueux était devenu "une scène de crime", ou encore devant le tribunal pénal de Manhattan où l'ex-ministre français de l'Economie devait être entendu dimanche soir. Aux Etats-Unis, la vie privée des politiques est considérée comme du domaine public et les affaires de divorce, sexe ou tromperie - qui font systématiquement les choux gras des médias - peuvent aisément entraîner la chute de certains d'entre eux. En France, la presse a tendance à ignorer davantage la vie personnelle des hommes publics.

Sauf que cette fois-ci, l'affaire dépasse de loin le domaine du privé et si les graves accusations qui pèsent sur DSK sont prouvées, ce dernier risque jusqu'à 20 ans de prison. S'il persiste à plaider non coupable, Strauss-Kahn devra défendre sa cause lors d'un procès qui ne s'ouvrira que dans plusieurs mois. Cela l'empêchera techniquement de rentrer en France pour déposer sa candidature pour les primaires socialistes - à supposer qu'il y songe encore.

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