mercredi 11 mai 2011

Opération séduction du vote latino

Barack Obama a lancé, mardi au Texas, une véritable opération séduction de l'électorat latino en remettant sur le devant de la scène le débat controversé sur la réforme de l'immigration illégale.

Sous le soleil de plomb d'El Paso, à la frontière mexicaine, le chef de l'Etat a prononcé l'un de ses premiers réels discours de campagne devant un parterre visiblement en sa faveur. Sans annoncer de nouveautés en termes législatifs, Obama a prôné la réforme en profondeur du système d'immigration illégale et la mise en place d'un débat civil sur ce sujet sensible que ses prédécesseurs ont toujours évité. 

Barack Obama mardi à El Paso
(White House Photo par Pete Souza)
Le but de l'exercice consistait avant tout pour le Président à reconquérir le soutien des Hispaniques qui l'accusent d'avoir fait grimper le nombre d'expulsions d'immigrants illégaux à 400 000 par an (plus que sous l'ère Bush) et d'avoir renforcé les contrôles aux frontières sans ouvrir la voie à la citoyenneté pour les 11 millions de sans-papiers du pays - largement issus d'Amérique latine. Depuis l'élection d'Obama en 2008, des millions de dollars ont en effet été dépensés dans l'achat de matériel spécialisé visant à renforcer la sécurité aux frontières tandis que les patrouilles sur le terrain ont doublé depuis 2004 pour atteindre le chiffre de 20 000. Mais le Président a expliqué, mardi, que toutes ces mesures avaient contribué à diviser par deux les tentatives de passage illégal sur le sol américain et à réduire le trafic d'armes et de drogue du Texas à la Californie.

Réparer un système brisé

Rappelant tous les bénéfices de l'immigration pour la compétitivité américaine, Barack Obama a ajouté que des progrès restaient à accomplir pour améliorer un "système brisé". Il souhaite ainsi lutter davantage contre les entreprises qui exploitent les immigrants illégaux, aider les fermiers à employer légalement des travailleurs, réunir les familles d'immigrés qui respectent les règles plutôt que les séparer, ou encore "ne pas punir les jeunes pour les actions de leurs parents". Sur ce point, le chef de l'Etat compte "se battre" pour faire adopter au Congrès le DREAM Act, bloqué fin 2010 par les sénateurs républicains, qui permet aux enfants d'immigrés illégaux d'entrer dans l'armée ou de poursuivre leurs études.

Tout au long de son discours, le Président a reproché à ses adversaires républicains de réclamer toujours plus de sécurité aux frontières alors qu'il estime être allé plus loin que Bush en la matière: "Ils vont dire à présent que nous avons besoin d'une fosse, ou d'alligators dans la fosse. Ils ne seront jamais satisfaits!". Obama a également répondu aux critiques venues de sa gauche qui lui demandent d'utiliser son pouvoir de Président pour stopper certaines expulsions: "Je ne peux tout simplement pas outrepasser le Congrès et changer la loi moi-même. Ce n'est pas comme ça que marche la démocratie".

Des républicains peu prêts au compromis

La solution reste donc à ses yeux de décrocher un accord bipartisan permettant d'adopter des mesures alliant sécurité aux frontières et assimilation de certains immigrants illégaux qualifiés. Branché en mode campagne, le candidat Obama a d'ailleurs encouragé la population à le soutenir dans cette épreuve: "Je vous demande d'ajouter vos voix à ce débat en vous exprimant sur le site www.whitehouse.gov, il faut montrer à Washington qu'il y a un mouvement à travers le pays en faveur de la réforme!".

Reste que les républicains ne semblent pour l'heure pas prêts à un compromis en la matière, certains ayant répliqué mardi: "Il est marrant de voir le Président si proche de la frontière et toujours si loin de la réalité". Mais Obama ne compte pas renoncer à l'électorat latino qui l'avait soutenu à 67% en 2008. Les 48 millions d'Hispaniques aux Etats-Unis (14% de la population, première minorité ethnique du pays) pourraient notamment faire la différence dans les "swing states", ces Etats indécis dont le cœur balance encore entre voter démocrate ou républicain.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à commenter!