mercredi 19 janvier 2011

Healthcare: des soutiens inattendus

La réforme de la santé adoptée en mars dernier par le Congrès américain est devenue une mine d’or pour les lobbyistes de Washington spécialisés en la matière. A tel point qu'un bon nombre d’entre eux sont opposés à la tentative des républicains d’abroger la loi portée par Barack Obama (voir précédent article).

La légendaire K Street, où se concentrent la majeure partie des représentants d’intérêts de la capitale, a en effet largement bénéficié de l’adoption de cette législation historique. Cabinets d’avocat, consultants et groupes de pression ont vu grimper leur chiffre d’affaires en fournissant des expertises à des clients désireux d’influencer les réglementations mettant en œuvre cette réforme. De nouvelles sociétés de lobbying spécialisées dans le domaine de la santé et de l'assurance maladie ont également été créées, certaines embauchant encore dix mois après l’adoption de la loi.

Dessin par DonkeyHotey
Ces lobbyistes espèrent ainsi que le cheval sur lequel ils ont misé continuera à leur rapporter de généreux bénéfices pendant plusieurs années. D’après l’organisation indépendante « Center for Responsive Politics », ils auraient touché en 2010 près de 400 millions de dollars de la part des entreprises du secteur de la santé. Des chiffres qui pourraient en théorie augmenter car toutes les parties de la réforme d’Obama n’ont pas encore été mises en œuvre.

Une abrogation improbable

Dans ce contexte, le souhait des républicains de « tuer » cette loi, qui selon eux creuse le déficit du pays et détruit des emplois, n’a pas bonne presse parmi les lobbyistes. Si certains groupes comme la puissante Chambre de commerce américaine ont pris fermement position pour l’abrogation de l’« Obamacare », la plupart des représentants d’intérêts sont restés étonnamment neutres face aux efforts des républicains de réduire à néant le texte du Président démocrate. Ils ont toutefois préféré ne pas dénoncer trop vite l’attitude des républicains, certains que si l’abrogation a des chances de passer dès ce mercredi à la Chambre où règne une majorité républicaine, elle sera bloquée au Sénat qui reste dominé par les démocrates. Le Président Obama pourra lui-même en dernier recours poser son veto au projet d’abrogation si celui-ci venait à se retrouver sur sa table.

Les lobbyistes restent conscients qu’à défaut de pouvoir éliminer la réforme dans son ensemble, les républicains n’auront plus qu’une arme entre leurs mains : la révision pièce par pièce des dispositions de la « Health Care ». Or, une telle situation leur serait également bénéfique puisque les entreprises de santé feraient toujours appel à leurs services afin de suivre en détail les modifications introduites et défendre au mieux leurs intérêts. La K Street devrait donc avoir encore de beaux jours devant elle.
Le flou dans les chiffres
Pour rappel, Washington est la première place du lobbying au monde. Depuis 1995, tout lobbyiste doit s’enregistrer auprès de la Chambre et du Sénat sous peine d’une amende élevée. A Bruxelles, deuxième ville du lobbying, l’inscription au registre de la Commission européenne lancé en 2008 demeure sur base volontaire. Dans les deux cas, il est difficile d’avoir une estimation précise du nombre de représentants d’intérêts. On compterait ainsi 17 000 lobbyistes fédéraux enregistrés à Washington mais leur nombre réel pourrait faire bien plus du double. Les lobbyistes gravitant autour des institutions européennes à Bruxelles seraient quant à eux près de 15 000.

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