vendredi 14 janvier 2011

La loi sur la santé en danger

Après quelques jours d’activité ralentie dus à la fusillade meurtrière en Arizona, le Congrès va se remettre au travail dès la semaine prochaine. Les républicains de la Chambre comptent immédiatement mettre au vote une loi abrogeant la réforme du système de santé portée par le Président démocrate Barack Obama durant la première moitié de son mandat.

Ce thème a été l’un des sujets majeurs de la campagne pour les élections de mi-mandat du 2 novembre. Le parti républicain, largement aidé par le Tea Party, en avait fait ses choux gras, arguant que cette réforme allait creuser le déficit du pays, faire perdre des quantités d’emplois et accroître l’intervention de l’Etat. Ce débat devait figurer à l’agenda de la Chambre dès le 12 janvier et être le grand moment des républicains, sortis vainqueurs des élections. Il a finalement été repoussé après la fusillade de Tucson.
 
Eric Cantor promet un débat sobre
(Crédit photo: House Republican Conference)
Mais la trêve est à présent terminée et les républicains comptent revenir à la charge. Leur leader à la Chambre, Eric Cantor (Virginie), a annoncé que dès mardi un débat de deux jours serait entamé. Il se conclura par le vote d’une loi demandant l’abrogation de la réforme d'Obama. Si le texte a toutes ses chances d’être adopté à la Chambre où règne une large majorité républicaine (242 contre 193 démocrates), il ne devrait pas voir la lumière du jour au Sénat. A l’issue des élections de novembre, la Chambre haute a en effet conservé une majorité démocrate, certes étroite (53 contre 47 républicains) mais suffisante pour rejeter la loi d’abrogation.

Un autre garde-fou demeure: le veto du Président qui refuserait d'apposer sa signature finale si le texte venait à se retrouver sur sa table. Ayant anticipé tout cela, les républicains ont prévu une contre-attaque. Ils comptent proposer ce jeudi à trois commissions parlementaires de rédiger plusieurs projets de « lois de remplacement » afin de modifier les points principaux de la réforme d’Obama et d'en couper les financements. Mais les démocrates ne resteront pas les bras croisés. Ils brandissent déjà pour leur défense le récent rapport de l'indépendant « Congressional Budget Office » qui démontre que l’abrogation de la loi coûterait en elle-même 230 milliards de dollars au budget fédéral ces dix prochaines années…

La « killing » réforme

Les querelles partisanes devraient donc reprendre très vite à Washington. Barack Obama a cependant appelé lors de son discours de Tucson, le 12 janvier, à plus de « civilité » dans les discussions alors que vient de s'ouvrir un débat national sur l’impact des messages violents utilisés en politique. Les républicains ont assuré qu’ils souhaitaient conduire un « débat sobre », centré sur les moyens de convaincre les électeurs que cette loi sur la santé « a besoin d’être abrogée » et que les promesses d’Obama en la matière « ne se sont toujours pas matérialisées ». « Nous garderons les victimes de la fusillade dans nos pensées et nos prières », a ajouté le nouvel élu républicain d’Arizona Ben Quayle.

Mais le parlementaire démocrate du Texas, Lloyd Doggett, refuse de voir l’auréole au-dessus de la tête de ses adversaires et se dit certain que les échanges resteront « vigoureux ». Les républicains ont d'ores et déjà rejeté la demande des démocrates de modifier leur appellation du projet de loi d’abrogation vu le contexte actuel (« Abrogation de la loi tueuse d’emplois sur le système de santé », « Repealing the Job-Killing Health Care Law Act »). Ils ont également refusé de mettre au vote cette loi après le discours d’Obama sur l’état de l’Union, prévu le 25 janvier, afin d'imposer leur propre agenda au Président.

Nul doute que la campagne pour les présidentielles de 2012 a déjà commencé.

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